lundi 17 mai 2021

15. Du savoir absolu au non-commencement (Préface) du cercle spéculatif: processus, résultat et réflexivité totalisante selon Hegel

Lectures préalables

G.W.F. Hegel, Phénoménologie de l’esprit, chapitre VIII, Le savoir absolu, GF, p.635-652, et la Préface, GF, p.57-111.

Référence

J.-F. Kervegan, "Le savoir absolu", à paraître.

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(Enregistrement de l'exposé

Enregistrement de la discussion, mot de passe &e4qA?xB)

A/ Introduction

Ce que n'est pas le savoir absolu: l'omniscience divine comme on se la représente (Par ex; Leibniz). Pas un contenu (un savoir-chose infini), mais la forme réflexivement pure du savoir (le "pur" savoir, à la Fichte). Néanmoins, ce n'est pas un savoir "formel", ou c'est le passage à la logique non pas "formelle", mais au contraire qui vaut pour tous les contenus de pensée (tous les contenus de la conscience de soi réflexive, laquelle sait tout objet). Paradoxes de cet absolu: 

  • Il est ce qui advient quant tout est relatif à tout (relatif: au sens de la médiation/détermination nécessaire), soit quand la raison s'est déployée dans son entièreté.
  • Il est à la fois infiniment "plein" et "vide" (pour la représentation, immédiatement, c'est déjà l'identité de l'être et du néant au départ de la Logique, pour l'esprit, c'est le temps vide en attente de son remplissement par l'histoire).

Le défi: penser par delà la représentation (le jugement) dans l'élément du Concept (du syllogisme). Le problème du holisme: non seulement tout tient à tout (et cela est le Vrai), mais le concevoir (et la figure ultime de l'esprit qui pense le tout) est aussi un moment du tout. Remarque sur Mauss.

Donc on ne peut pas "commencer" dans ce cercle (p. 109-110). Comment se boucle alors le dernier chapitre sur la préface?

B/ En partant de la fin: commentaire du chapitre VIII

1. Que signifie pour l'esprit de "surmonter sa conscience" (p.635)? Le chapitre final est une remémoration des figures précédentes pensées chacune désormais en tant que moments du Tout. Phénoménologie de l'esprit et Logique (p.649). L'esprit absolu, c'est l'esprit se remémorant toutes ses figures (le savoir absolu n'est donc pas une étape supplémentaire, c'est leur sommation réflexive conçue comme telle).

2. Vers l'identité de la substance et du sujet: la référence implicite au cogito cartésien comme figure initiale de la Chose = Je. Qu'est-ce qui est pensé au juste au-delà de la religion? La science, et non plus l'amour de la science (philo-sophie).  

3. La "patience du Concept" et la théorie du temps. Le primat de l'histoire sur la nature, et surtout sur la Naturphilosophie). En quoi cette histoire est-elle "universelle" (p.77)? Le moment de la contingence, et le lent devenir-nécessaire de la contingence. Pas de résultat sans le processus effectif.

4. Les derniers mots et le retour métaphorique à la religion: le "vendredi saint" spéculatif, sacrifice et parousie.

C/ En partant du début: remarques sur la préface

1. Pas de résultat sans le processus: l'objection sceptique contre les multiples systèmes philosophiques qui s'entre-détruisent, et la patience du Concept.

2. Nous vivons une époque décisive (et un temps de décision philosophique est venu). Contre Jacobi: un dogmatisme du sentiment de l'absolu, qui s'ignore. Il a pour contrepartie la pensée terre à terre de l'utile. Contre Schelling et la Naturphilosophie.

3. L'échec à penser le Concept comme paradoxal "devenir de lui-même", c'est l'échec à penser l'identité qui se "reconstitue" (p.69): qui peréxiste, qui (se) totalise avec insistance, et qui revient à soi dans sa mémoire propre, intégratrice. Le Vrai est le Tout (la réflexion lui est immanente), la substance est le sujet.

Comparer avec la formule finale du savoir absolu: l'objet de la conscience est devenu pur objet de la conscience de soi (c'est-à-dire objet aboli), et c'est cela le Concept (p. 645).

Est-ce un expressivisme ou un hylémorphisme? La forme comme "devenir natif" du contenu concret (p.99)?

4. Le concept de détermination: connaître, c'est se connaître dans l'être-autre absolu (p.74). C'est cela l'élément de la conscience et de l'expérience rationnelle. Phénoménologie de l'esprit et Logique de ce point de vue.

5. Le rejet de l'exposé mathématique (more geometrico) et l'organicité du Vrai. Ce n'est pas a contrario un choix du "langage ordinaire": quelles torsions le point de vue spéculatif impose-t-il à la langue, du point de vue du Vrai-Tout?

Contre la poésie métaphorique qui applique partout le même schéma d'identité (Schelling): il faut inscrire la tension du paradoxe à même les représentations finies (le bon usage du jugement infini) et à nouveau réunir la dialectique et la preuve (p.105).

D/ Conclusion: Hegel et la pensée sociale holiste comme problème fondamental de la modernité, comme sens moderne de la raison réflexive