dimanche 4 décembre 2022

4. Première étude: l'Homme aux rats, présentation générale du cas.

 Bibliographie

P.-H. Castel, "Ces rats qui nous sortent des yeux comme si nous habitions des tombeaux", version révisée du chapitre 1 de La Fin des coupables, suivi du Cas Paramord, Ithaque, 2012.

S. Freud, "Remarques sur un cas de névrose de contrainte", in OC IX, PUF, 1998.

S. Freud, L'Homme aux rats. Journal d'une analyse, édité par E. et R. Hawelka, PUF, 1974.

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(Enregistrement de l'exposé)

(Enregistrement du séminaire)

A/ Introduction

1. Situation du commentaire de l'Homme aux rats dans le projet d'une enquête socio-historique sur les obsessions et la contrainte "intérieure" (ou "psychique"). L'horizon éliasien de la connexion obsessionnalité/Selbstzwang.

2. "Fait moral total" et "microscène instituante" (clarifications conceptuelles)

3. L'approche expressiviste: comment passer du contexte social et culturel et de la pratique clinique de Freud à la codification conceptuelle (la théorie psychanalytique)? Association libre, Œdipe, transfert, et résolution du complexe d'Œdipe / identification paternelle / surmoi

B/ Du contexte large, le régime d'action spécifique de l'individu à l'âge d'or du libéralisme (1870-1914) et les enjeux de l'autocontrainte, au contexte plus étroit du "cas" d'Ernst Lanzer

1. Freud dans le contexte culturel et politique de la "crise du libéralisme".

2. L'invention paradigmatique de Freud: la Zwangsneurose. Premières conceptions: critique de la neurasthénie, replacer les obsessions dans le cadre névrotique ordinaire, hystérie des femmes et névrose obsessionnelle des hommes, le schéma neurologique affect/représentation comme cadre d'intelligibilité.

3. Ce que change l'Homme aux rats. La cure comme microscène instituante (une interaction doublement altérante); différence avec d'autres approches du cas. Le Journal et les "Remarques": pratique et théorisation? Un lieu de réélaboration clinico-théorique pour Freud: la seconde conception de la névrose obsessionnelle.

4. Le complexe d'Œdipe entre type moderne des embarras individualistes de l'agir et constellation intrapsychique.

C/ Le problème central: la dérivation effective de concepts psychanalytiques fondamentaux à partir d'élaborations cliniques singulières et de pratiques socialement contextualisées

mercredi 30 novembre 2022

3. Le mouvement psychanalytique au 20e siècle: Histoire conceptuelle, philosophie de l’esprit et sociologie de la connaissance. Enjeux et buts de l'enquête (3)

(Enregistrement de l'exposé

Enregistrement de la discussion)

A/ Le titre de ce séminaire: clarifications préliminaires

1. Le mouvement psychanalytique au 20e siècle: délimitation, et inscription dans une socio-histoire longue de la modernité individualiste et démocratique en Occident (Elias)

2. Qu'entendre par "histoire conceptuelle"?

3. Une philosophie nécessairement sociale de l'esprit pour cette histoire conceptuelle

4. La sociologie de la connaissance comme discipline intégratrice: le problème de l'incorporation de la psychanalyse à la réflexivité critique ordinaire des Modernes

Ce que ce séminaire étudie: à travers ce qui change dans le mouvement psychanalytique, ce qui change avec ce mouvement dans les sociétés individualistes modernes, puis ce qui change dans ces sociétés qui ne pouvait être capté que par les voies de la psychanalyse, et enfin ce qui rend alors la psychanalyse fonctionnellement nécessaire au mouvement de réflexion critique spécifique à l'intégration des sociétés modernes.

B/ Différences entre cette modalité d'enquête et l'approche traditionnelle (épistémologico-critique) de la psychanalyse en philosophie

1. Wittgenstein, Popper, Ricoeur, Grünbaum.

2. Du coup, le champ est libre pour une lecture radicalement externalistes des "influences culturelles" sur la psychanalyse.

3. Conséquences philosophiques du refus de la dichotomie entre approches internalistes et externalistes.

  • Revisiter la dimension positive de la notion d'idéologie;
  • Elaborer comment on passe des concepts empiriques aux métaconcepts à prétention scientifique en psychanalyse (i.e. de la pratique clinique à la "métapsychologie"): par une voie expressiviste;
  • Comprendre réflexivement non seulement les formes de rejet, mais aussi les formes de justification de la psychanalyse en spécifiant les contextes pratiques et sociaux des controverses;
  • Une entrée morale dans ces problèmes: critiquer Freud et la psychanalyse est toujours révélateur du genre de personne et d'acteur social qu'on est (en la critiquant, on en dit toujours au moins autant sur soi que sur la psychanalyse).

C/ Histoire politico-culturelle de la psychanalyse et socio-histoire de la connaissance: points de contact et différences

1. Deux exemples majeurs d'histoire politico-culturelle autour de Freud et de la psychanalyse: Schorske et Zaretsky, ou la biographie de Freud par Gay. Mais pas Roudinesco.

2. La tâche la plus difficile: montrer non pas l'adéquation politico-culturelle des catégories de la psychanalyse à des moments du développement socio-historique des sociétés modernes, mais la pertinence critico-réflexive de ces mêmes concepts pour formaliser les apories et les opportunités de la socialisation individualiste. D'où un autre regard sur la théorisation en psychanalyse.

3. Du côté conceptuel: le statut spécial de la "théorie critique", depuis Benjamin et Adorno: tentative exemplaire de penser ensemble inscription socio-historique et dynamique conceptuelle de la psychanalyse. Mais aussi certaines analyses plus ponctuelles (Balibar sur le surmoi, Derrida sur Lacan, etc.): en quel sens ces études conceptuelles peuvent-elles être reprises du point de vue ici défendu?

jeudi 17 novembre 2022

2. Le mouvement psychanalytique au 20e siècle: Histoire conceptuelle, philosophie de l’esprit et sociologie de la connaissance. Enjeux et buts de l'enquête (2)

(Enregistrement de la séance)

A/ Le titre de ce séminaire: clarifications préliminaires

1. Le mouvement psychanalytique au 20e siècle: délimitation, et inscription dans une socio-histoire longue de la modernité individualiste et démocratique en Occident (Elias)

2. Qu'entendre par "histoire conceptuelle"?

3. Une philosophie nécessairement sociale de l'esprit pour cette histoire conceptuelle

Eviter la simple contextualisation culturelle (relativiste) des usages des mots ou des catégories: mais comment articuler substantiellement historicité et sémantique (formelle) des concepts?

Trois réquisits pour l'enquête: partir des controverses réglées entre acteurs; considérer que les concepts y deviennent de plus en plus réflexifs; envisager les processus discursifs de la connaissance au-delà des certitudes ou des états cognitifs individuels.

Un paradigme sémantico-épistémologique à la Brandom: pragmatiste, expressiviste et rationaliste. Le problème avec ce paradigme: l'idéalisation du "progrès" historique d'un corpus de connaissance.

4. La sociologie de la connaissance comme discipline intégratrice: le problème de l'incorporation de la psychanalyse à la réflexivité critique ordinaire des Modernes

Non la "connaissance psychanalytique" comme objet-domaine d'enquête spécial, mais la contribution de la psychanalyse, au 20e siècle, à l'élaboration de représentations collectives importantes pour la réflexivité critique.

L'objection selon laquelle la sociologie de la connaissance en ce sens (Durkheim, Mannheim) ne devrait étudier que les représentations "de sens commun", mais ni scientifiques ni philosophiques. Or Freud revendique le statut scientifique de la psychanalyse.

Ce que ce séminaire étudie: à travers ce qui change dans le mouvement psychanalytique, ce qui change avec ce mouvement dans les sociétés individualistes modernes, puis ce qui change dans ces sociétés qui ne pouvait être capté que par les voies de la psychanalyse, et enfin ce qui rend alors la psychanalyse fonctionnellement nécessaire au mouvement de réflexion critique spécifique à l'intégration des sociétés modernes.

B/ Différences entre cette modalité d'enquête et l'approche traditionnelle (épistémologico-critique) de la psychanalyse en philosophie

1. Wittgenstein, Popper, Ricoeur, Grünbaum: des approches radicalement internalistes de la cohérence logico-conceptuelle de Freud en relation à sa prétention à la scientificité naturaliste.

2. Du coup, le champ est libre pour une lecture radicalement externalistes des "influences culturelles" sur la psychanalyse. Un problème fondamental en philosophie des sciences sociales: les normes de raison sont-elles hétérogènes (Elster) ou homogènes aux normes sociales?

mercredi 2 novembre 2022

1. Le mouvement psychanalytique au 20e siècle: Histoire conceptuelle, philosophie de l’esprit et sociologie de la connaissance. Enjeux et buts de l'enquête (1)

[...] If some traces of the autocratic pose,
the paternal strictness he distrusted, still
     clung to his utterance and features,
   it was a protective coloration

for one who'd lived among enemies so long:
if often he was wrong and, at times, absurd,
     to us he is no more a person
   now but a whole climate of opinion
under whom we conduct our different lives [...]

One rational voice is dumb. Over his grave
the household of Impulse mourns one dearly loved:
     sad is Eros, builder of cities,
   and weeping anarchic Aphrodite.

W.H. Auden, In Memory of Sigmund Freud (1939)

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A/ Le titre de ce séminaire: clarifications préliminaires

1. Le mouvement psychanalytique au 20e siècle: délimitation, et inscription dans une socio-histoire longue de la modernité individualiste et démocratique en Occident (Elias)

Une dynamique de transmission d'individu à individu par la cure (les noms propres en psychanalyse). La question des dissidences et de l'institutionnalisation du mouvement. Auden: "... a whole climate of opinion": les sensibilités freudiennes des modernes. La psychanalyse comme répondant enfin à un besoin non de thérapie, mais de réflexivité critique (l'école de Francfort).

Son essor à partir de la "crise du libéralisme". Elias, "le plus freudien des sociologues" et le processus de civilisation: sociogenèse et psychogenèse (et non phylogenèse et ontogenèse). Différence entre Elias et Adorno.

La psychanalyse, un mouvement de "modernisateurs" de la psychanalyse. Psychanalyse et sciences sociales du point de vue de l'émergence sociohistorique des Modernes.

2. Qu'entendre par "histoire conceptuelle"?

L'approche historique des concepts (Duso, l'école de Padoue). Qu'est-ce qu'un concept du point de vue formel? Que signifie en penser la genèse historique? L'histoire conceptuelle en psychanalyse.

L'histoire conceptuelle au sens spécial à Kosellek. En quoi la psychanalyse y est-elle intéressée?

Différences entre Kosellek et Duso, significatives pour ce projet: Duso plus conceptuel-théorique que conceptuel-catégoriel; un souci politique d'orientation réflexive sur l'avenir/le devenir des concepts. Transition vers la philosophie de l'esprit: d'une pragmatique sociolinguistique à une sémantique formelle enracinée dans une pragmatique.

 

mercredi 11 mai 2022

Philosophie et sciences sociales, programme 2022-2023

Le mouvement psychanalytique au 20e siècle. Histoire conceptuelle, philosophie de l’esprit et sociologie de la connaissance

(UE667, lien pour s'inscrire)

En quel sens les concepts éminemment « psychologiques » de la psychanalyse, et ce qu’ils prétendent faire connaître du « sujet individuel », sont en vérité des catégories sociales — i.e. des catégories de la connaissance réflexive sociologiquement et historiquement déterminées ? Poser cette question est dérangeant : la psychanalyse a souvent revendiqué une position d’extériorité, voire de transcendance par rapport au social, soit par la voie naturaliste (Freud), soit au risque de généralités quasi métaphysiques (Lacan). La justifier exigerait, déjà, de prendre soigneusement en considération, quand on entreprend l’histoire conceptuelle de la psychanalyse au 20e siècle, les métamorphoses de la socialisation individualiste, ses multiples crises dans les sociétés modernes, et les remèdes qu’on leur a imaginés, dont, entre autres, le divan. Mais ce ne serait pas assez. Plutôt qu’offrir une nième mouture de l’« histoire culturelle » des influences qui ont façonné les théories freudiennes et post-freudiennes, ce séminaire ambitionne de cerner de plus près le parallèle éliasien entre sociogenèse et psychogenèse tout du long du processus de civilisation, autrement dit, d’appréhender la réflexivité psychanalytique à l’aune des paradoxes de ce processus et des épreuves individuelles et collectives qu’il implique. Projet bien différent de celui, plus banal, d’une critique épistémologique in abstracto de la psychanalyse. Mais avec cela, argumentera-t-on, l’enjeu capital de l’objectivité des notions psychanalytiques ne disparaît nullement ; il est au contraire réélaboré, mais à la lumière d’une philosophie sociale de l’esprit, explicitement pragmatiste et expressiviste. On examinera donc les chances d’un tel programme de recherches, les études à engager, et les obstacles à prévoir.


dimanche 10 avril 2022

11. Brandom et le "pragmatisme" de Hegel: remarques à partir de l'introduction d'A Spirit of Trust (J.-C. Brossard)

 Lectures

Introduction et Postface d'A Spirit of Trust, trad. française inédite.

G. Bouché ,« A pure philosophy of language with edifying intent », dans Reading Brandom, on A Spirit of Trust, Routledge, 2020, p.166-184.

lectures complémentaires

F. Knappik « Brandom on postmodern ethical life: moral and political problems » dans Reading Brandom, on a Spirit of Trust, Routledge, 2020, p.184-198.

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A / Introduction : Qu'est ce qu'une lecture pragmatiste de Hegel pour Robert Brandom ?

a-Quels réceptions de Brandom ? L'exemple de MacDowell et Redding.

Quels sont les points communs et les différences entre Making It Explicit et A Spirit of Trust ? Il semble que : (i) Brandom continue le projet de MIE (ii) Brandom est donc parfois justifié, parfois non, dans sa lecture de Hegel comme étant pragmatiste. Est-ce le cas ? Est-ce que Brandom reconstruit les arguments, les thèses, et les concepts de Hegel comme étant un pragmatiste analytique ?

b-Style et construction de l’œuvre : Les points communs entre Hegel et Brandom.

La structure circulaire de l’œuvre :

-Circularité des concepts de Hegel et Brandom se renvoyant mutuellement

-Circularité du lexique conceptuelle de Brandom à la manière de Hegel, ou les concepts sont utilisés dès le début en étant définis, par exemple, deux cents pages plus loin.

-Circularité de la lecture : Comme chez Hegel, le lecteur fait l'expérience progressive du texte, tout comme celle d'un lecteur « omniscient », de la totalité de celui-ci.

La double méthode d'exposition :

-Logique : Exposition, définitions, et place du lexique conceptuel.

-Historique : Place, rôle, et usages des concepts dans l'histoire. Chez Hegel, la conscience malheureuse chez les sceptiques grecs, chez Brandom, la certitude sensible comme le Mythe du donné chez Wilfrid Sellars.

La réception du texte, et l'accusation de « dogmatisme ».

-Hegel et Brandom sont-ils des « dogmatiques », interprétant toutes philosophies ou événements sous le prisme de leur propre philosophie ? Ou est-ce que le projet général de l’œuvre n'est pas seulement de reconstruire des arguments ou d'en réfuter d'autres ?

c-Le projet de définir une éthique intellectuelle, en la mettant en œuvre dans le texte même :

-Non seulement le sens de la philosophie de Hegel, mais quel « usage » fait-il de la philosophie : Ce que Brandom entend reconstruire dans son propre texte.

-Le résultat de cette reconstruction comme éthique intellectuelle, au sens d'une « philosophie édifiante », ou encore d'une « éthique du travail philosophique » : Confiance et pardon, comme s'opposant à l'ironie.

-Rendre ce projet sensible dans le style, le lexique, et la construction française, afin de ne précisément pas en faire uniquement en commentaire de Hegel, comment les enjeux de traduction se heurte à la difficulté de rendre ce projet. Se concentrer sur celui « d'expressivisme », et ces différents champs d'applications pour développer ces difficultés.

B / L'expressivisme conceptuel.

( Cf. partie 1 et 2 de l'introduction )

a- La tripartion conceptuelle de tout langage :

- « Ground-level », « Higher-level », « Meta-meta-level » : Concepts descriptifs empiriques, concepts expressifs « spéculatifs », double perspective méta-linguistique de raison et entendement.

 Leurs propriétés et expositions conceptuelles, et leurs enjeux dans une traduction Française : « Ground-level » comme « concepts de terrains », « concepts de bas niveaux » ? « Higher-level » comme « concepts élevés » ?

b-La méthode de commentaire de Hegel avec ces trois niveaux, et ces enjeux :

-la « Semantic Descent », simple méthodologie de commentaire de Hegel, ou niveaux valant pour tout langage dont celui de Hegel ? Une méthode intra-philosophique pour Hegel par Brandom, ou une méthode de « remontée aux origines », de « filiation », ou de geste inverse valant pour tout type de langage ou de vocabulaires ?

c-Un premier enjeu éthique : l'objectivité du langage, sans systématicité :

-L'opposition entre « Philosophie édifiante » et « Philosophie systématique » chez Rorty : Les conséquences d'un pragmatisme objectif, mais édifiant, par la distinction à trois niveaux.

C / L'expressivisme social.

(Cf. partie 2 et 3 de l'introduction, et la post-face ).

a- L'isomorphie des relations objectives de premier niveaux, et des relations normatives de deuxième niveaux :

-Les concepts spéculatifs s'exprimant à travers les concepts objectifs/ Les règles d'usages normatives et sociales s'exprimant à travers le sens sémantique des propositions objectives de façon immanentes et dynamiques selon quels concepts est expressif ou non, quels concepts exprime telle règle plutôt qu'un autre.

-Le jeu opéré par Brandom entre des termes classiques reconnus, et ceux de son propre travail : l'exemple de « rational reconstruction », et « historical recollection », jeu à rendre sensible en Français.

b-un modèle social expressif appliqué au débat philosophique lui-même :

-L'application de l'expressivisme au débat philosophique lui-même, le déploiement historique et conceptuelle chez Hegel comme modèle, repris par Brandom quand à ces propres débats et positions : Ne pas dissoudre les arguments ou les défendre simplement, mais les reconstruire dans le modèle expressif, la reprise du thème de « La Raison faisant l'histoire dans le dos », quand à la philosophie.


c-un deuxième enjeu éthique : l'objectivité inter-subjective, sans herméneutique :

-Un pragmatisme objectif, inter-subjectif car normatif, mais ne reposant pas sur l'herméneutique, mais sur la reconnaissance mutuelle : Non pas un consensus seulement cohérent, des découvertes objectives vraies selon la détermination toujours plus grande des concepts.

D / L'expressivisme historique.

( Cf. partie 4 et 5 de l'introduction et postface.)

a- Les relations des trois niveaux à l'échelle de l'histoire :

-Remémoration historique sous la double perspective rétrospective, et prospective, comme sélection d'une série expressive passée, pour saisir les usages actuels, et penser les potentiels expressifs futurs.

b-Le pragmatisme de Brandom, de Hegel, et le pragmatisme fondamental.

-Une éthique du travail intellectuel pour cette double perspective : Le Pardon rétrospectif, et la Confiance prospective. La perspective rationnelle de Hegel, la perspective d'entendement de l'aliénation « finie ».

-La mise en œuvre de cette éthique dans « Spirit of Trust » à travers Hegel, pendant l'exposition conceptuelle : L'histoire du pragmatisme fondamental, et Brandom s'intégrant « expressivement », appliquant à sa propre philosophie une « remémoration historique ».

-La question d'un style d'écriture désirant rendre cette effet : Répétitions de mêmes termes longues, phrases longues avec peu de ponctuations, et le rapport avec le style Hégélien.

c- L'éthique de la confiance, et l'éthique de l'ironie :

Langages et attitudes philosophiques envers ces langages : Ironie du philosophe, ou confiance de celui-ci, et le rôle en résultant pour celui-ci dans une société donné.

E / Conclusion : Une éthique de la post-modernité, ou de la modernité ?

-Brandom et la qualification de cette éthique comme « post-moderne », est-ce le cas, et qu'est t-il alors entendu par lui de « modernité » ?

-Le projet global de l’œuvre et la question d'une traduction pouvant rendre ce projet global.


mardi 29 mars 2022

10. Brandom et le projet classique d’analyse : adjoindre à la sémantique une pragmatique (P.-F. Mouraud)

Lectures

R. Brandom, Perspectives sur le pragmatisme, chapitre 6, trad. française inédite (ou les deux premiers chapitres de Between Saying and Doing: Towards an Analytic Pragmatism, Oxford University Press, 2008)

A. Tarski, « On the Concept of Following Logically », History and Philosophy of Logic, vol. 23, no 3, septembre 2002, p. 155-196.

Lecture complémentaire

B. Halimi, Le nécessaire et l’universel : analyse et critique de leur corrélation, Paris, J. Vrin, 2013.

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(Texte de l'exposé)

A/ Introduction : Brandom et le vocabulaire logique, rupture et continuité avec le projet classique d’analyse ? 

(Cf dernier § du chapitre 6 : « For the conclusion will be that it is because some vocabularies…”)

La thèse de Brandom : le vocabulaire logique est un genre qui possède plusieurs espèces. Ce genre est défini par les traits suivants : 

- Le vocabulaire logique est déployé à partir de pratiques algorithmiquement élaborées à partir de : 

o Pratiques qui sont PV-nécessaires pour tout vocabulaire autonome (et donc, par extension, pour tout vocabulaire) et qui 

o Sont suffisantes pour spécifier explicitement ces pratiques PV-nécessaires.

Conclusion : n’importe quel vocabulaire qui satisfait ces conditions est un « vocabulaire universel LX » (ou vocabulaire universel ElEx, dans la terminologie de la traduction française). 

Trois dimensions centrales de ce projet : 

- La logique non plus comme archi-théorie des vocabulaires, mais comme vocabulaire

- Non plus un projet seulement sémantique, mais un projet sémantique et pragmatique

- Dépasser le dilemme logiciste

B/ Les impasses de l’universel dans le projet classique d’analyse

1. La logique moderne se caractérise par le fait d’être une science de portée maximale, universelle. De quelle universalité, s’agit-il? Universalité objectuelle ou universalité discursive ? 

i. Universalité discursive c'est-à-dire radicalité : la radicalité désigne le fait que tout raisonnement présuppose les règles de la logique. Tout raisonnement présuppose les lois de la logique. La logique est une sorte d’archi-théorie présupposée par toute activité rationnelle. La logique précède en droit tout autre théorie.

ii. Universalité objectuelle c'est-à-dire généralité absolue : la généralité absolue est justement le propre de la logique, en tant que la logique porte sur tous les objets pensables quels qu’ils soient. Il s’agit d’une universalité non-restreinte.  

2. Une classe de tous les objets ? Le paradoxe de Russell ou les impasses de la généralité absolue. 

C/ Le défi de la démarcation des termes logiques

1. Qu’est-ce que le projet classique d’analyse ? Deux conditions sous lesquelles on peut penser la logique pour les fondateurs de la logique moderne : 

a. La logique est une structure profonde du langage, la structure de la pensée (archi-théorie). En cela, la logique tendrait à être un langage de paraphrase : un langage permettant de paraphraser le langage ordinaire, tout en dévoilant sa structure parfaite, la structure logique parfaite que le langage ordinaire voile.

b. Pour que ce langage de paraphrase soit vraiment un langage logique, il faut en plus pouvoir déterminer les inférences valides, c'est-à-dire les énoncés vrais en vertu de leur seul forme logique.

Langage de paraphrase + distinction entre termes logiques et termes extra-logiques. 

2. Chez Tarski, ce qui démarque les constantes logiques, c’est la double contrainte d’être matériellement adéquat et formellement correct. 

3. Les difficultés de l’analyse tarskienne : tout métalangage apte à supporter la définition du prédicat de vérité relatif à un certain langage-objet doit posséder un domaine d’interprétation strictement inclusif de celui que possède ce langage-objet. L’analyse modèle-théorique est inadéquate pour penser le problème de la démarcation, sauf à neutraliser les traits contingents de l’univers d’arrière-plan. 

a. Différenciation de deux niveaux d’universalité distincts

b. La validité logique consiste simplement dans le fait d’être vraie dans toutes les interprétations possibles du langage (corrélation validité logique – universalité). 

D/ Les vocabulaires universels LX chez Brandom. Faire d’une pierre deux coups : réaffirmer l’universalité logique et relever le défi de la démarcation

1. L’universel comme démarcation de la logique : universalité restreinte ou non-restreinte ? Reprendre le problème de l’universalité non plus simplement d’un point de vue sémantique, mais adjoindre une pragmatique. 

2. Défi de la démarcation : expliquer la signification des constantes logiques en termes de rôles inférentiels dans des contextes normatifs (les constantes logiques nous permettent d’expliciter les rôles inférentiels des énoncés). 

3. Réaffirmer l’universel logique : la connexion entre vocabulaire LX et les vocabulaires autonomes. 

4. Auto-engendrement : 

- De la sémantique par la pragmatique : certains doings (les assertions) ont la signification pratique d’être des sayings ; et 

- De la pragmatique par la sémantique : le vocabulaire logique élaboré algorithmiquement est suffisant pour spécifier les pratiques PV-nécessaires de n’importe quel vocabulaire autonome, donc de tout vocabulaire. 

E/ Conclusion : les relations sens-usage et le vocabulaire logique

1. Brandom peut ainsi reconstruire la démarcation entre logique et extra-logique (discursif/extra-discursif) de l’intérieur du discours. 

2. Algorithmisation constructive de la logique qui conserve pourtant une prétention universelle forte. Déplacer le problème : non plus le projet de trouver un vocabulaire dans lequel tout peut être dit mais le projet de trouver un vocabulaire dans lequel on peut dire tout ce qu’on a besoin de faire pour dire quoi que ce soit. 

3. Un projet métaphysique pris dans une acception non plus ontologique, mais ultimement sémantique : l’universalité comme expressivité. 


dimanche 13 mars 2022

9. Contre le "nihilisme" sémantique wittgensteinien: une théorie constructiviste logique des relations sens-usage. Un exemple d'application en philosophie des sciences sociales

 Lectures préalables

R. Brandom, Perspectives sur le pragmatisme, chapitre 6, trad. française inédite.

P.-H. Castel, Mais pourquoi psychanalyser les enfants?, Cerf, 2021, Introduction.

Lectures complémentaires

L. Wittgenstein, Recherches philosophiques, §1-32, trad. française, Gallimard, 2004.

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(Enregistrement de l'exposé

(Enregistrement de la séance)

A/ Introduction: le scepticisme ironique rortyen pris à bras-le-corps

1. Wittgensteinien, mais pas trop: le pragmatisme n'est pas essentiellement "thérapeutique". Conséquences pour la théorie de la signification (et de la représentation après Rorty, comme notion sémantique, et non plus psychocognitive). La notion de relation sens-usage (RSU).

2. Hégélien, en revanche, toujours plus: comment, techniquement parlant, articuler le développement historique de l'expérience (au sens pragmatiste), autrement dit l'explicitation conceptuelle des règles implicites aux pratiques sociales? La métaphysique des intellectuels de notre temps?

3. Ce que fait Brandom, et ce qu'il ne fait pas. L'intérêt pour une logique des relations sens-usage (donc pour un pragmatisme "analytique"), plus que pour une anthropologie philosophique de la connaissance, ou une socio-histoire des concepts. L'idée d'une philosophie des sciences sociales expressiviste: sens des concepts et usages déterminants de ces concepts liés aux pratiques sociales des psychanalystes d'enfant. Vers un débordement du métaphysique vers les activités concrètes des agents connaissants?

B/ L'argument constructiviste logique de Brandom: des RSU de plus en plus complexes

1. La suffisance P-V (pratiques -> vocabulaire). 

2. La suffisance V-P (vocabulaire -> pratiques).

3. La combinaison décisive: "... celle qui s’établit entre un vocabulaire V’ et un vocabulaire V quand V’ est VP-suffisant pour spécifier les pratiques ou les aptitudes P, pratiques et aptitudes elles-mêmes PV-suffisantes pour déployer le vocabulaire V. Cette relation-VV’ est produit de la composition de deux RSU de base. Quand elle se produit, je dirai que V’ est un métavocabulaire pragmatique pour V."

4. Le bootstrapping pragmatique expressif (strict). C'est l'antidote brandomien au recours classique à la Tarski dans la sémantique "analytique", où le métalangage est expressivement plus fort que le langage-objet. Brandom et le "Père Noël hilare": un cas purement syntaxique (chomskyen), aux sources de l'"IA pragmatique". Contre le computationnalisme de Fodor et l'IA "symbolique". (Juste un exemple sémantique: les indexicaux!)

5. Une application intra-philosophique de l'argument: Sellars sur la dépendance de "semble" à "est", ou encore de l'observationnel à l'inférentiel, qui est en fait une dépendance fondée sur une dépendance pragmatique (la relation de dépendance nécessaire des deux V est articulée à la relation de dépendance nécessaire des pratiques de déploiement des deux V).

6. La suffisance P-P et l'élaboration algorithmique: comment Brandom "logicise" in fine la relation entre le savoir et le savoir-faire. Une façon d'apprivoiser l'idée wittgensteinienne de projection pratique.

7. Au terme de ce processus: la logique elle-même n'est rien d'autre que l'explicitation réflexive de nos savoir-faire rationnels. "Selon moi, toute pratique discursive autonome doit inclure les performances ayant les significations pragmatiques d’assertions et d’inférences (qui, comme je le défendrai, viennent ensemble et forment un tout indivisible). Je pense en fait que cette condition nécessaire-PP sur toute pratique suffisante-PV pour déployer de manière autonome un vocabulaire, peut être aussi utilement traitée comme suffisante — en d’autres termes, comme distinctive des pratiques discursives en tant que discursives." Ainsi la logique permet de dire explicitement (de codifier sous forme de conditionnels) ce que, sinon, nous ne ferions que faire en suivant des règles implicites (celles des inférences matérielles).

C/ Une autre instanciation de ce raisonnement expressiviste, d'un point de vue épistémologique (et non logico-sémantique et métaphysique)

1. Qu'est-ce qui serait suffisant-PV, puis suffisant-VP pour décrire la psychanalyse d'enfant en action? Pas un problème de métaconcepts, mais de concepts "de terrain" (empiriques), dans des pratiques d'inférence matérielle qui sont l'ordinaire de la clinique.

2. Vocabulaire-cible: "fantasme", "symptôme", "refoulement" (retour du refoulé), "traumatisme" "transfert", etc. Pratiques suff-PV: associer librement (faire des lapsus), rêver, se remémorer, jouer, etc., mais aussi interprétation "mutative", résolution du transfert, etc. Vocabulaire suff-VP: pulsionnalité, symbolisme, surmoi, compulsion de répétition, complexe d'Œdipe, etc. Métavocabulaire pragmatiquement médié: inconscient sexuel infantile, refoulement (mais "originaire"), espace transitionnel. Mais l'originalité de l'hypothèse vient de ceci que le "jouer" (créer du partenaire) paraît être néc-PP en amont de toutes les pratiques suff-PV en psychanalyse d'enfant.

3. Généralisation de ce schéma à d'autres champs d'enquête: un outil technique pour une sociohistoire pragmatique de la connaissance?


mardi 1 mars 2022

8. Que peuvent nous apprendre les pratiques de l’école maternelle sur l’autonomie moderne ? (B. Peuch)

Lectures préalables

Helmunt Heiland, "Friedrich Fröbel (1782-1853)", Perspectives, vol. XXIII, n°3-4, septembre-décembre, 1993.

Pablo Blitstein & Cyril Lemieux, "Comment rouvrir la question de la modernité?", Politix 2018/3 (n° 123).

Illustrations à consulter

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(Enregistrement de la séance)

A / Introduction

1. Une question anthropologique. Le problème est de comprendre le type de conditionnement social que permet de réaliser les pratiques de l’école maternelle et en quoi celui-ci permet d’amener les enfants dans un régime d’action et d’habitude qui sera reconnu par les acteurs comme celui qu’il faut inculquer aux enfants pour les mettre sur le chemin de l’autonomie.

2. Pragmatisme expressiviste et anthropologie philosophique. Comment les éducateurs explicitent-ils les normes d’autonomies implicites à leur pratique pour modifier leur pratique de façon à les rendre plus autonomisantes ?

3. Penser le processus de transformation des pratiques comme un processus rationnel et historique. 

4. Une perspective comparatiste. On s’intéresse au point de départ de cette sociohistoire du préscolaire pour voir comment, dès les premières institutions préscolaires du début du 19e siècle, les pratiques que l’on y proposait étaient déjà justifiées par les acteurs comme des pratiques d’autonomisation de l’enfant. Points de méthodes.

B / Sociohistoire des salles d’asiles

1. Le modèle britannique. Les premières institutions préscolaires britanniques sont justifiées par leurs fondateurs au nom de l’articulation de deux types de préoccupations sociales assez différentes. La première préoccupation est liée à tous les problèmes que peuvent poser les enfants après la révolution industrielle. La deuxième préoccupation est liée à la Révolution française et à l’inquiétude qu’on les libéraux anglais qu’une révolution ait lieu en Grande-Bretagne. C’est dans ce contexte que ce développe une politique d’éducation visant à moraliser les classes populaires pour stabiliser la société. Les classes enfantines font partie de ce projet.

2. Politique éducative de la Restauration. Pendant la Restauration, en particulier pendant la Monarchie de Juillet, un enjeu politique important est celui de la stabilisation d’une société française perturbée par les révolutions. Si les fondateurs des salles d’asiles reprennent le projet britannique, c’est notamment parce que leur projet d’éducation est très similaire à celui qui est développé en Grande-Bretagne.

3. La leçon de choses. Usage des pédagogiques des images. Ce qui compte ici, c’est la force des images plus que leur vertu mnémotechnique ou heuristique. La leçon de chose comme conversation entre enfants.

4. Le monitorat. Les dispositifs d’éducation mutuelle des salles d’asiles ont été développés en Grande-Bretagne par Bell et Lancaster à la fin du 18e siècle. Chez les Français, la pratique prend une tournure nouvelle puisqu’il n’est plus question de nommer les moniteurs en fonction de leur niveau scolaire. 

C / Sociohistoire des jardins d’enfants

1. Pestalozzi. Pestalozzi est un pédagogue rousseauiste qui sera particulièrement choqué par la Terreur. Pestalozzi formule le projet d’une éducation morale qui n’a pas la forme d’une éducation rationnelle, mais spirituelle. Pour Pestalozzi, la morale est quelque chose qui relève, d’abord, du sentiment, c’est quelque chose d’intuitif qui se développe d’abord dans les liens domestiques. Pour Pestalozzi, les institutions scolaires doivent se modeler sur l’exemple de la famille spirituelle. 

2. Pestalozzi et le pangermanisme. Pestalozzi occupe une place très importante des Discours à la nation allemande de Fichte.

3. De la fabrique de jouets au jardin d’enfants. Fröbel est un élève de Pestalozzi. À la suite d’une série d’échecs, il semble renoncer tout à fait à l’idée d’ouvrir une institution éducative. À la place, il se lance dans un projet complètement nouveau : il ouvre une fabrique de jouets. Mais, rapidement, ouvre une institution, les jardins d’enfants, où l’on éduquera les enfants avec le matériel qu’il a inventé.

4. Les dons et les occupations. Description des trois premiers dons et des occupations. Importance des activités créatives.

5. Le jardinage. Chaque enfant possède un carré de jardin qu’il peut décorer. Importance de l’entraide.

D / Comparaison

1. Modernisation et dénaturalisation de l’éducation domestique. Les institutions préscolaires ont en commun d’articuler l’idée de modernisation avec celle de dénaturalisation de l’éducation domestique.

2. Attention-intention et partenariat. Question du conditionnement social. L’habitus principal que cherchent à développer les pratiques préscolaires correspond à une retenue attentionnelle qui doit déboucher sur une intention. Cette attention-intention est à la base d’une forme de partenariat fondée sur l’entraide.

E / Conclusion

Ouverture. Donner le modèle d’une approche sociohistorique des pratiques préscolaires qu’il faudrait déplier jusqu’à nous.


jeudi 17 février 2022

7. Habermas et Brandom (P.-F. Mouraud)

 Lectures préalables 

Brandom, Robert. « Facts, Norms, and Normative Facts: A Reply to Habermas ». European Journal of Philosophy 8, nᵒ 3 (décembre 2000): 356‑74. 

Habermas, Jurgen. « From Kant to Hegel: On Robert Brandom’s Pragmatic Philosophy of Language ». European Journal of Philosophy 8, no 3 (décembre 2000): 322 55. (traduit en Français, dans Vérité et Justification)

Lectures de fond 

Dewey, John. « Lectures in Social and Political Philosophy ». European Journal of Pragmatism and American Philosophy VII, no 2 (23 décembre 2015).

Raynaud, Philippe. Max Weber et les dilemmes de la raison moderne. Recherches politiques. Paris: Presses Universitaires de France, 1987.

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(Enregistrement de l'exposé et de la discussion)

A/ Introduction

Débat de Brandom et Habermas en 2000 suite à la publication de Making it explicit. la publication récente d'A Spirit of Trust fournit le moyen de revenir sur les aspects plus directement politiques et sociaux implicites dans ce débat. Quel est l’horizon commun à ces deux auteurs ? 

1. La quête d’une philosophie post-hégélienne visant à saisir son temps par la pensée : espace philosophique de la modernité

2. Le tournant linguistique comme dépassement de l’opposition entre objectivisme et subjectivisme

Intérêt de ce débat pour l’étude de Brandom : passage devient explicite entre : 

1. Normativité épistémique pragmatiste : l’épreuve de justification et de critique parce qu’il n’y a plus de critère représentationnel. 

2. Normativité proprement démocratique : normativité démocratique parce qu’il n’y a plus d’autorité ultime naturelle. 

La question du débat : quelle normativité pour penser la raison des Modernes, pour penser l’autonomisation de la raison des Modernes ? 

B/ L’opposition entre normes et faits  

Approche pragmatique : c’est la pratique langagière qui nous renseigne sur l’usages juste des expressions. 

1. Le danger du nivellement des normes et des faits. Les normes, c’est ce qu’on peut transgresser et ce qu’on est appelé à justifier. Qu’est-ce qui justifie les normes sinon les faits ? (cf problème de l’action)

i. Un factualisme normatif

ii. Qu’est-ce le réalisme conceptuel ? 

2. Le danger d’une conception trop peu robuste de l’objectivité. 

i. Contre l’argument de l’accord-communautaire, une enquête sur ladite communauté. 

3. Le danger de l’objectivisme pour la morale et la discursivité 

i. Une conception expressive des normes : les normes permettent d’expliciter des schémas d’inférence, en préservant les habilitations. 

ii. Que devient la communication dans un cadre radicalement non-psychologique et non-représentationnel ?

C/ Le lien entre normativité linguistique et normativité démocratique   

1. L’héritage de la polémique Apel/Habermas. 

- Normativité linguistique : savoir-faire pratique et idée d’une communauté 

- Normativité démocratique : Weber et le processus de rationalisation moderne

Comment qualifier le pouvoir critique de la raison ? (débat avec Apel) : pouvoir critique universelle de la raison ou pouvoir critique herméneutique de la raison. Les règles de la pragmatique peuvent-elles être soustraites à la conversation démocratique ? 

2. Une normativité sociale expressive

La démocratisation ne porte pas seulement sur la procédure de la décision, elle porte tout autant sur son contenu. Autrement dit, la démocratisation porte sur la rationalité elle-même (sa forme et son contenu). 

Brandom : pragmatique normative et sémantique inférentielle comme les deux faces d’une même médaille.  C’est la possibilité pour la pragmatique de prendre en charge des contenus sémantiques qui ne sont plus dès lors contingents. 

3. Qu’est-ce qui s’autonomise dans le monde moderne ? 

La rationalité ne peut être construite à partir de la logique de l’action individuelle : passage d’un schéma communicationnel à deux interlocuteurs à un schéma holiste à trois interlocuteurs. Autonomie non plus comme se rendre responsable devant autrui, mais s’auto-contraindre pour intensifier la collaboration discursive avec autrui. L’autonomie porte avant tout sur la raison.

D/ Qu’est-ce que ce débat change pour une philosophie normative sociale post-hégélienne ? 

1. Le projet post-hégélien d’une histoire de la modernité

Projet post-hégélien d’une philosophie qui a pour vocation d’exprimer son temps par la pensée, c'est-à-dire qui assumerait sa propre historicité. Projet qui suppose que la philosophie entame un dialogue avec les différentes sciences qui participent de cet espace de la modernité. 

2. Quelle normativité pour l’autonomie démocratique ? 

- Habermas : rationalité communicationnelle comme socialité libre de domination 

- Brandom : Hegel et Dewey (idée de « growth » mais définalisé) pour penser l’institutionnalisation sociologique de la liberté individuelle

La démocratie comme forme de vie créative devient la norme de la rationalité. 

3. La philosophie dans l’espace de la modernité

La philosophie doit se moderniser pour assumer sa propre historicité. La rationalisation implique dès lors un critère d’augmentation des liens d’interdépendance, c'est-à-dire de réciprocité de l’autorité et de la responsabilité. 

Geste brandomien qu’on peut essayer de situer en réponse à celui de Habermas : 

- Epistémologie : plus de critère empirique au sens logique (plus de sciences qui tireraient leur autorité d’un critère empirique). 

- Anti-représentationnalisme : anti-individualisme (cf critique de la distinction privé/public).

- Holisme : l’enquête réfléchit le lien entre le conceptuel et le collectif.

E/ Conclusion : la modernité, c’est assumer la rationalisation démocratique. 

Quelle normativité pour penser l’autonomie des Modernes ? La normativité démocratique des Modernes comme figure abyssale et radicalement dénaturalisante : articulation de fins qui n’étaient pas préalablement définies. 

- Plus de figure idéale de l’autorité, plus d’étalon de mesure de l’autorité bonne ou rationnelle. 

- Démocratie expressive liée à la réciprocité des liens d’interdépendance. 

- Autonomisation de la raison dans un cadre démocratique


dimanche 30 janvier 2022

6. Un "amical amendement" à Rorty, ou du "vocabulaire des vocabulaires" à une métaphysique "modeste"

Lectures préalables

R. Brandom, Perspectives sur le pragmatisme, trad. française, chapitre 5.

Lectures de fond

W.O. Quine, "Deux dogmes de l'empirisme", in Du Point de vue logique, trad. française, Vrin, 2003.

R. Rorty, "De l'idéalisme du XIXème siècle au textualisme du XXème siècle" in Conséquences du pragmatisme, trad. française, Seuil, 1993.

R. Rorty, La Philosophie et le miroir de la nature, "Les représentations privilégiées", chapitre IV, trad. française, Seuil, 2017.

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(Enregistrement de l'exposé)

A/ Introduction.

Brandom: de nouvelles "conséquences du pragmatisme", s'il est rationaliste. Les dualismes de la culture moderne selon Rorty. Sous la "synthèse", le retour du dualisme Nature /Histoire (sciences naturelles/sciences sociales)? Conversation et métaphysique "modeste". Le mouvement rationaliste de Brandom vers Habermas.

B/ Les prémisses rortyenne du concept de "vocabulaire"

Quine/Sellars contre Carnap. Ce que Rorty a dit du matérialisme éliminativiste et en quoi ce n'est pas une thèse "neurophilosophique" objectiviste (les Churchands). Les vocabulaires contre les théories représentationnistes.

C/ Normes et causes: le grand partage

1. Rorty excessivement relativiste? Le problème de la vérité et des faits "avant que nous n'existions" (rappel de Dewey). Le problème de la communauté où tous croient quelque chose de faux.  La distinction claimings/claimable.

2. La croyance vraie, même si elle n'est pas justifiée: ses conséquences épistémiques. Sexeurs de poussins, experts en poterie précolombienne, etc. La distinction believings/believables.

3. Comment passer des représentations au vocabulaire des vocabulaires?

Les paradoxes du vocabulaire-"outil": il sert à créer des nouveautés, et ses fins sont définies à l'intérieur de son usage même. Les deux dangers qui le guettent: historicisme téléologique et naturalisme réductionniste. Seul le pragmatisme corrige l'un par l'autre.

D/ Politiques de Rorty et de Brandom

1. Vocabulaires privés et publics selon Rorty: une thèse libérale, l'incompatibilité des vocabulaires de la justice et de l'autonomie individuelle.

2. Brandom contre Rorty: les normes linguistiques et la créativité reposent sur une liberté "positive" (Kant). Contre l'opposition des deux vocabulaires de la justice et de l'autonomie individuelle.

E/ Conclusion

Brandom, rationaliste, mais aussi "modernisateur": la métaphysique modeste comme production de vocabulaires pour les intellectuels d'aujourd'hui.

lundi 17 janvier 2022

5. Sauver l'objectivité: le défi d'un pragmatisme "rationaliste" néo-hégélien (ou Rorty, victime d'un parricide)

Lectures préalables

R. Brandom, La Raison en philosophie, trad. française, Ithaque, 2021, chap. III,  p.89-121.

Lectures de fond

R. Rorty, "Introduction" et "Renoncer au monde" in Conséquences du pragmatisme, trad. française, Seuil, 1993.

R. Rorty & P. Engel, A quoi bon la Vérité? Grasset, 2005

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(Enregistrement de l'exposé

Enregistrement de la discussion)

A/ Introduction: Rorty, notre "chien crevé"

B/ Position du problème: le pragmatisme est-il un relativisme sceptique?

1. vérité-adéquation, représentation et objectivité, trois notions solidaires à rejeter? Brandom sur Leibniz et Spinoza: deux ruptures avec Descartes.

Dieu (l'adaptation)

représentants ↔ représentés (objets)

↓                            

représentants  représentés

(etc.)

Ce en quoi consiste l'objectivité des représentations (l'intentionnalité comme problème métaphysique). Remarque sur l'empirisme et la modalité.

2. Le contexte socio-politique de ces polémiques. Le problème des vérités en soi: la vision individualiste de la connaissance. Comment nous mettre d'accord sur l'accord? Sciences naturelles des Lumières, sciences sociales de la modernité.

3. Rorty et la "conversation" (le faillibilisme libéral-démocrate généralisé à la discursivité). Contraste entre l'expérience comme "friction" entre nos idées et les choses et l'anti-représentationnisme global du dernier Rorty.

4. De l'Erfahrung hégélienne comme processus pratique de la connaissance par essais et erreurs à la reconquête de l'objectivité dans un cadre pragmatiste normativiste. Brandom parricide.

B/ Lecture du chapitre 3 de La Raison en philosophie

1. Rappel des prémisses kantiennes de la lecture brandomienne de l'Erfahrung: responsabilité normative, concept comme règle et primat de la force sur le contenu.

2. Rappel des prémisses hégéliennes de l'analyse de la "friction" objective: normativité sociale, reconnaissance réciproque et "indépendance relative" des contenus conceptuels à l'égard des attitudes.

3. Qu'est-ce que cette "indépendance relative" des contenus jugeables eu égard aux attitudes doxastiques? L'image des joueurs d'échecs, puis celle de l'usage du terme conceptuel "cuivre". Le recours à la notion de division du travail social linguistique (Putnam).

4. Le temps qu'il faut au déploiement du décalage décisif entre l'attribution d'un contenu conceptuel (de dicto) et la reconnaissance normative de l'autorité qui devance cette attribution, et sert à évaluer (de re) la correction de l'attribution. C'est l'Erfahrung comme histoire et la logique de l'Erinnerung. Le modèle de la Common Law.

C/ Conclusion: et l'objectivité "réaliste" de l'objet, dans tout ça?

1. Pour écarter l'objection relativiste sceptique, on n'aurait besoin que d'assumer sa responsabilité devant des normes qui devancent et servent  évaluer les attributions autonomes des agents discursifs-conceptualisateurs. Brandom dit juste ce qu'on doit faire pour être considéré comme tenant un discours objectif, et il n'y a rien de plus "réaliste" dans l'objet que cela.

2. L'argument de Brandom enveloppe une idée réflexive du progrès de la Raison (auto-application du modèle de la Common Law à l'histoire de la rationalité).

3. Une place est réservée, contre Rorty, à la représentation. Pas comme "miroir de la nature", ni comme format psychocognitif interne, mais comme horizon de la référence (de re) sur laquelle converge les sens (de dicto): c'est ce qui permet de mettre en question les attributions persectives des agents discursifs en leur demandant: de quoi parles-tu?(Ce de quoi tu parles, c'est ce à la lumière de quoi on évaluera ta prétention à la connaissance objective).

mardi 4 janvier 2022

4. Naturaliser l'Erfahrung hégélienne, tout en conservant son historicité et son procès rationnel (Dewey n'en croit pas ses oreilles!)

Lectures préalables

G.W.F. Hegel, Introduction de la Phénoménologie de l'esprit, trad. française de J.-P. Lefebvre, Flammarion, 2012, p.115-128.

J. Dewey, "La réalité comme expérience", trad. française in Tracés, 2005, p.83-91.

R. Brandom, Perspectives sur le pragmatisme, chapitre 1 (traduction en cours)

Lectures de fond

R. Brandom, La Raison en philosophie, trad. française, Ithaque, 2021, chap. III,  p.89-121.

B. Karsenti & L. Quéré, La Croyance et l'enquête. Aux sources du pragmatisme. Raisons Pratiques, EHESS, 2004, notamment l'introduction, et les textes d'Isaac Joseph, Christiane Chauviré et Mathias Girel.

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(Enregistrement de l'exposé)

A/ Introduction

Le défi d'un pragmatisme "rationaliste" normatif (donc aux antipodes de Dewey) et cependant toujours naturaliste. Une tension entre évolutionnisme immanentiste et historicisme. La stratégie de Brandom: non plus invoquer un darwinisme généralisé et ses effets sur la connaissance humaine, mais naturaliser un concept socio-historique idéaliste-normatif de la connaissance. "Beau comme la rencontre fortuite sur une table de dissection d'une machine à coudre et d'un parapluie." (Lautréamont): Hegel et Dewey, deux notions hétérogènes de l'expérience?

B/ Le concept d'Erfahrung dans l'introduction de la Phénoménologie de l'esprit.

1. Les six thèses de l'Einleitung (dans une approche wittgensteinienne, en termes de grammaire logique de l'en-soi/pour-moi)

  • Il ne peut pas y avoir de critique préalable de ce qui sert à saisir la vérité: la connaissance ni un outil ni un filtre. L'"en soi" ne s'oppose pas au "pour moi", l'en soi est pour moi. Hegel est  post-kantien en ce qu'il réfute l'indépendance ontologique de la chose-en-soi comme de toute vérité ou Absolu séparés de la connaissance (PhE, p.117).
  • Ce qu'on juge d'habitude être une simple apparence de savoir est l'apparition du savoir. On ne peut donc  se proposer que d'"exposer le savoir dans le processus de son apparition phénoménale" (PhE p.119), jusqu'à ce que la totalité réfléchie de cette apparition phénoménale manifeste l'essence. Exposer ce processus c'est exposer la "science de l'expérience (Erfahrung) de la conscience" (PhE, p.127-128). Les moments du Tout (du Vrai, de l'Absolu) ne sont donc que des figures de la conscience.
  • Sur le chemin de l'en soi, ou de l'objet vrai, la conscience, certaine au départ, perd nécessairement sa vérité: c'est un chemin autant de doute objectif (scepticisme) que de désespoir subjectif (tragique, car une conscience meurt nécessairement à soi en atteignant le concept de l'objet). Mais c'est en même temps le chemin des figures véritables de la "culture" (Bildung) (PhE, p.120), car la conscience devient toujours plus cohérente avec elle-même en étant toujours plus objective.
  • Pour nous qui connaissons quoique de façon seulement formelle, vers quelle fin tend ce processus (le Vrai, le Tout comme Absolu), notre point de vue est celui du narrateur omniscient du "roman de formation" (Bildungsroman) de la conscience. Mais c'est la "conscience malheureuse" qui passe par tous les degrés du désespoir qui lui donne son contenu concret, et qui est l'héroïne du roman. Il faut donc opposer le point de vue du "pour nous" et celui du "pour soi", qui ne coïncident qu'à la fin dans le "savoir absolu".
  • La négation double qui se manifeste dans ce processus (eu égard à une "figure" périmée de la conscience et à une version périmée de l'objet) est en même temps la détermination véritable du contenu conceptuel. (Omnis) determinatio est negatio (duplex).
  • Enfin, le moteur du processus (entre certitude et apparence pour soi, et vérité-objectivité de l'en soi) est une oscillation "dialectique" (PhE, p.125) entre: a) ceci qu'il y a quelque chose pour une conscience" (ce à quoi se réfère un savoir en le distinguant comme son objet); et b) distingué de ce savoir, c'est-à-dire du simple concept de l'objet et posé comme étant en soi, la vérité dudit savoir. Mais cet en soi (cf. la thèse anti-kantienne initiale) n'a jamais été qu'un en soi pour moi! Aussi a) le critère de la vérité est-il toujours interne à la réflexion de la conscience en tant qu'elle se rapporte à ce qui est en soi pour elle; b) chaque fois que son savoir se modifie dans et par cette comparaison, l'objet se modifie aussi: "un nouvel objet vrai surgit" (PhE, p.125) et, du même coup, avec ce nouvel objet qui apparaît "dans le dos" de la conscience, à son insu, (PhE, p.127 et Encyclopédie §25) surgit une "nouvelle figure" de cette dernière, etc.
2. Ce que Brandom reprend, ce qu'il abandonne, et les enjeux de son opération de sélection du point du vue du pragmatisme. Peirce à l'arrière-plan: une processualité inférentielle concrète, une logique des choses. Mais c'est quand même l'expérience au sens vulgaire, par essais et erreurs, compliquée d'une démarche prospective/rétrospective des engagements et des habilitations (le modèle du jugement dans la Common Law). Le holisme sémantique, pas la totalisation du vrai; la convergence à l'infini du sens, avec "pessimisme sémantique" (la dialectique, le moment sceptique); pas celle de la référence.

C/ L'expérience comme réalité chez Dewey: analogies et écarts avec Hegel.

Les sept thèses de "Reality as Experience" (1906).
  • La réalité "R" (au sens de ce qui a toujours été là même avant nous "O") n'est distinguable de l'expérience "E" que si on interpose une conscience entre les deux. Critique de la conception positiviste du fait.
  • Mais être pleinement darwinien, c'est considérer que la réalité doit inclure en elle l'esprit, et que l'esprit sélectionné est nécessairement adapté à l'action sur la réalité et notamment à la connaissance "expérimentale" de cette réalité.
  • On ne va pas tant de l'expérience à la réalité que de "versions" de la réalité expérimentée vers d'autres "versions" mieux adaptées, selon un principe faillibiliste: O = (R0 + E0), (R1 + R1), (Rn + En), etc.
  • Mais cette transition continue ne peut être découverte que dans l'expérience elle-même, et non par un usage transcendant de la "théorie" de l'évolution (preuve par régression).
  • D'autre part, on ne peut pas séparer l'extra-scientifique (par ex. le coup de pioche sur un chantier de fouilles) du scientifique du point de vue de la pratique de co-production de la réalité expérimentée et de l'expérience de la réalité. Ne pas confondre la science comme "connaissance formulée" et la science comme processus immanent et continuiste qui va de la pratique ordinaire jusqu'à la plus haute réflexion scientifique.
  • Il y a toujours un "surplus" de O sur R, et l'incomplétude de R n'est levée que partiellement (asymptotiquement?) par E. O est-il une affirmation ontologique (la dynamique de l'être-en-soi-se-faisant-expérience-et-objet-d'expérience) ou un pur et simple index logique de l'incomplétude de l'expérience?
  • Il n'y a pas de "fonction de connaissance" réellement isolable dans l'expérience, car toutes les fonctions psychologiques (volonté, émotion) sont prises ensemble dans la dynamique du surplus O > R + E.
D/ Conclusion: comment revenir sur l'Erfahrung à partir de ce point de vue faillibiliste? Il suffit de glisser de la théologie implicite chez Hegel à la grammaire logique, et de l'épistémologie aprioriste à une socio-histoire de la connaissance.