mardi 1 mars 2022

8. Que peuvent nous apprendre les pratiques de l’école maternelle sur l’autonomie moderne ? (B. Peuch)

Lectures préalables

Helmunt Heiland, "Friedrich Fröbel (1782-1853)", Perspectives, vol. XXIII, n°3-4, septembre-décembre, 1993.

Pablo Blitstein & Cyril Lemieux, "Comment rouvrir la question de la modernité?", Politix 2018/3 (n° 123).

Illustrations à consulter

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(Enregistrement de la séance)

A / Introduction

1. Une question anthropologique. Le problème est de comprendre le type de conditionnement social que permet de réaliser les pratiques de l’école maternelle et en quoi celui-ci permet d’amener les enfants dans un régime d’action et d’habitude qui sera reconnu par les acteurs comme celui qu’il faut inculquer aux enfants pour les mettre sur le chemin de l’autonomie.

2. Pragmatisme expressiviste et anthropologie philosophique. Comment les éducateurs explicitent-ils les normes d’autonomies implicites à leur pratique pour modifier leur pratique de façon à les rendre plus autonomisantes ?

3. Penser le processus de transformation des pratiques comme un processus rationnel et historique. 

4. Une perspective comparatiste. On s’intéresse au point de départ de cette sociohistoire du préscolaire pour voir comment, dès les premières institutions préscolaires du début du 19e siècle, les pratiques que l’on y proposait étaient déjà justifiées par les acteurs comme des pratiques d’autonomisation de l’enfant. Points de méthodes.

B / Sociohistoire des salles d’asiles

1. Le modèle britannique. Les premières institutions préscolaires britanniques sont justifiées par leurs fondateurs au nom de l’articulation de deux types de préoccupations sociales assez différentes. La première préoccupation est liée à tous les problèmes que peuvent poser les enfants après la révolution industrielle. La deuxième préoccupation est liée à la Révolution française et à l’inquiétude qu’on les libéraux anglais qu’une révolution ait lieu en Grande-Bretagne. C’est dans ce contexte que ce développe une politique d’éducation visant à moraliser les classes populaires pour stabiliser la société. Les classes enfantines font partie de ce projet.

2. Politique éducative de la Restauration. Pendant la Restauration, en particulier pendant la Monarchie de Juillet, un enjeu politique important est celui de la stabilisation d’une société française perturbée par les révolutions. Si les fondateurs des salles d’asiles reprennent le projet britannique, c’est notamment parce que leur projet d’éducation est très similaire à celui qui est développé en Grande-Bretagne.

3. La leçon de choses. Usage des pédagogiques des images. Ce qui compte ici, c’est la force des images plus que leur vertu mnémotechnique ou heuristique. La leçon de chose comme conversation entre enfants.

4. Le monitorat. Les dispositifs d’éducation mutuelle des salles d’asiles ont été développés en Grande-Bretagne par Bell et Lancaster à la fin du 18e siècle. Chez les Français, la pratique prend une tournure nouvelle puisqu’il n’est plus question de nommer les moniteurs en fonction de leur niveau scolaire. 

C / Sociohistoire des jardins d’enfants

1. Pestalozzi. Pestalozzi est un pédagogue rousseauiste qui sera particulièrement choqué par la Terreur. Pestalozzi formule le projet d’une éducation morale qui n’a pas la forme d’une éducation rationnelle, mais spirituelle. Pour Pestalozzi, la morale est quelque chose qui relève, d’abord, du sentiment, c’est quelque chose d’intuitif qui se développe d’abord dans les liens domestiques. Pour Pestalozzi, les institutions scolaires doivent se modeler sur l’exemple de la famille spirituelle. 

2. Pestalozzi et le pangermanisme. Pestalozzi occupe une place très importante des Discours à la nation allemande de Fichte.

3. De la fabrique de jouets au jardin d’enfants. Fröbel est un élève de Pestalozzi. À la suite d’une série d’échecs, il semble renoncer tout à fait à l’idée d’ouvrir une institution éducative. À la place, il se lance dans un projet complètement nouveau : il ouvre une fabrique de jouets. Mais, rapidement, ouvre une institution, les jardins d’enfants, où l’on éduquera les enfants avec le matériel qu’il a inventé.

4. Les dons et les occupations. Description des trois premiers dons et des occupations. Importance des activités créatives.

5. Le jardinage. Chaque enfant possède un carré de jardin qu’il peut décorer. Importance de l’entraide.

D / Comparaison

1. Modernisation et dénaturalisation de l’éducation domestique. Les institutions préscolaires ont en commun d’articuler l’idée de modernisation avec celle de dénaturalisation de l’éducation domestique.

2. Attention-intention et partenariat. Question du conditionnement social. L’habitus principal que cherchent à développer les pratiques préscolaires correspond à une retenue attentionnelle qui doit déboucher sur une intention. Cette attention-intention est à la base d’une forme de partenariat fondée sur l’entraide.

E / Conclusion

Ouverture. Donner le modèle d’une approche sociohistorique des pratiques préscolaires qu’il faudrait déplier jusqu’à nous.