Références bibliographiques
S. Freud, L'Interprétation du rêve, OCP IV, 2003, PUF. (voir en ligne)
D. Anzieu, L'Auto-analyse de Freud et la découverte de la psychanalyse, vol.1 et 2, 1975², PUF (pas l'édition réduite en un seul volume).
D. Bourdin, Sigmund Freud, L'Interprétation des rêves, 2005, Bréal (un aide-mémoire précis et utile).
P.-H. Castel, Introduction à L'Interprétation du rêve de Freud. Une philosophie de l'esprit inconscient, PUF, 1998. Voir notamment l'Avant-propos et la préface de ce livre, ainsi que mon Résumé analytique de la Traumdeutung.
A. Mayer & L. Marinelli, Rêver avec Freud. L'histoire collective de L'Interprétation du rêve, Aubier, 2009. Voir mon analyse dans NonFiction.
_______________
A/ Introduction: programme d'études de ce séminaire
1. La Traumdeutung comme un texte de philosophie de l'esprit.
2. Mais ce texte qui est une théorie générale de l'esprit a également institutionnalisé une nouvelle forme de réflexivité collective (la psychanalyse, ses controverses). Contexte éliasien de ma démarche. Or les conditions d'émergence de la psychanalyse (avec la théorie du rêve comme intégrateur "métapsychologique" en 1900) ne sont pas celles de son développement et de son extension (de l'inclusion, y compris comme "erreur exemplaire", du "mouvement psychanalytique" dans le "processus de civilisation" moderne, au-delà de Freud).
3. Une lecture épistémologique "expressiviste" de l'émergence et de la stabilisation des concepts-clés de la doctrine psychanalytique du rêve/rêver à partir des pratiques effectives. Une mise en parallèle desdites pratiques avec les attentes normatives, mais aussi les contraintes structurales, qui régissent la quête d'une guérison-libération "psychique" dans les sociétés individualistes modernes en évolution.
4. L'hypothèse ultime de cette mise en perspective socio-historique longue de la Traumdeutung. L'idée à la Elias d'une évolution des appareils psychiques des individus, après et à cause des théories freudiennes du rêve.
5. Méthode de travail.
B/ Premières hypothèses et questions sur l'évolution de la théorie psychanalytique du rêve après les années 1930, puis après Freud
1. Point de départ: A. Mayer & L. Marinelli, Rêver avec Freud. L'histoire collective de L'Interprétation du rêve. .
2. Retour philosophique et psychanalytique sur le travail de Mayer et Marinelli..
3. La dynamique intellectuelle de la théorie du rêve après Freud (1932: "Les psychanalystes se comportent comme s’ils n’avaient plus rien à dire sur le rêve, comme si la doctrine du rêve était close.") Premiers jalons.
- L'établissement d'une orthodoxie du rêve-effet empirique-du-refoulement (Anna Freud et la "psychologie psychanalytique"). En pratique, l'analyste "sain" ne devrait pas rêver de son patient. Le problème du contre-transfert.
- Ferenczi, le disciple qui anticipe les développements très ultérieurs de la psychanalyse: la fonction "traumatolytique" du rêve.
- Melanie Klein et l'idée de "phantasme" (inconscient) dont le rêve est l'expression (ainsi qu'un moyen de se défendre contre lui). On part de l'enfance, et cela ruine l'articulation classique rêve // psychose.
- Le moment Ella Sharpe (fin des années 1930): Dream Analysis. A Practical Handbook, 1937. A la fois une théorie néo-kleinienne (issue également de Ferenczi) du corps symbolisé/symbolisant dans le rêve, et une théorie rhétorique-poétique du travail (créateur) du rêve.
- Lacan, lecteur critique d'Ella Sharpe ("Le désir et son interprétation", séminaire 1958-1959): le travail du rêve plus que les pensées du rêve, et le jeu du signifiant comme facteur central du déchiffrement du rêve (le rêve imaginarise le symbolique, l'interprétation (re-)symbolise l'imaginaire). Dé-psychologisation relative du rêve.
- Bion après Melanie Klein (et Ferenczi): le rêver-processus (dreaming) comme traitement originaire des excitations, et la création de l'espace interne par ce même processus. Une métapsychologie entièrement nouvelle, fondée sur la "rêverie" en séance.
- Meltzer: Dream Life. A Re-examination of the Psychoanalytic Theory and Technique, 1983. Réfutation explicite de la Traumdeutung (de son psychologisme scientiste périmé et de son formalisme indifférent à la création de sens) au nom des acquis kleiniens-bioniens. La vie éveillée n'est que le contenu manifeste d'un rêve latent qui ne cesse jamais. Contre Freud, qui "ne croyait pas que les rêves puissent exprimer quelque chose de nouveau."
4. Conclusion: la nécessité d'un contexte socio-historique large. On ne saurait en rester à des formations discursives mises en relation extérieures avec des formations sociales. L'approche expressiviste: rendre explicite dans les concepts les règles suivies en pratique. Les conditions pratiques de la cure: étroites (cliniques, institutionnelles) et larges (sociales et politiques). Emergence d'une nouvelle "grammaire du rêver".
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire